Malgré – ou grâce à – la crise, la position de l’Open source s’est renforcée dans les entrepises, accélérant son inéluctable progression. L’Open source semble se banaliser de plus en plus et, de l’avis de beaucoup, tend à devenir le modèle dominant. Qu’en est-il réellement, et de quel Open source parle-t-on ? C’est ce que nous allons essayer de détailler dans ces lignes.
L’Open source comme modèle dominant ?
À en croire nombre d’analystes et de spécialistes du domaine, l’Open source serait en passe de dominer le marché de l’informatique. Le système d’exploitation libre Linux est partout présent, sous ses différentes déclinaisons : dans les box internet, les smartphones (Android ou « pur » Linux), les télévisions (smart TV), les réfrigérateurs (intelligents évidemment) et autres terminaux mobiles ou non sans oublier les serveurs réseau et les PC de bureau – avec notamment Ubuntu et Red Hat. La crise n’a pas altéré cette progression constante depuis quelques années, bien au contraire. Même les entreprises les plus réticentes observent au moins ce qui se passe dans ce monde, jusqu’alors inconnu pour elles et considéré comme sans intérêt voire dangereux, lorsqu’elles n’envisagent pas de faire évoluer à plus ou moins long terme leurs solutions dans cette voie. La crise aidant, les licences gratuites s’accordent plutôt bien avec les réductions de budget, ce qui pouvait sembler impensable à quelques esprits étriqués leur apparaît désormais comme totalement incontournable.
Le choix du libre
Devant le succès du modèle Open source, nombre d’éditeurs font le choix de solutions libres alors qu’ils auraient été ou allaient systématiquement vers des solutions sous copyright il y a quelques années. Des versions commerciales deviennnent, au moins en partie, libres. Après, tout dépend du modèle choisi. Un éditeur souhaitant se lancer dans l’Open source doit créer et stimuler une communauté capable d’enrichir les fonctionnalités de son logiciel et élargir son offre avec des services payants, eux. La bonne utilisation des solutions Open source par les entreprises décidées à faire le « grand saut » nécessite souvent l’expertise de prestataires spécialisés, créant ainsi un marché fructueux pour ceux qui savent s’y positionner et offrent de réelles compétences dans leur domaine. Le profit peut passer par différents services : l’expertise, l’intégration des systèmes, le support client, y compris tutoriels et documentation, ou encore le développement de plug-ins complémentaires.
La banalisation de l’Open source
Microsoft, éditeur pourtant peu orienté Open source, a entrouvert récemment la porte à ce monde hier combattu en poursuivant sa politique d’interopérabilité vis-à-vis des développeurs et en proposant des solutions OS comme NuGet, permettant d’installer plus aisément des bibliothèques Open source dans Visual Studio. L’éditeur de Seattle a également soutenu les plug-ins jQuery ou le support de Modernizr, librairie Javascript Open source, et il était aussi présent au dernier salon Solutions Linux – et le sera encore à celui de juin. Cela montre l’aspect désormais incontournable de l’Open source, même pour ses ennemis déclarés. En tout cas, les grandes entreprises ont compris qu’elles pouvaient trouver dans l’Open source des solutions particulièrement solides et de vrais opportunités de profits. Il est de plus en plus fréquent de voir des appels d’offres mentionnant, voire exigeant, des solutions Open source.
Tim O’Reilly, l’éditeur de la collection éponyme, et indéniablement un des grands penseurs de l’OS, décrit dans un article de 2003 la rupture provoquée par la banalisation du matériel, entamée en 1981 sous l’impulsion d’IBM qui a créé un marché du PC compatible en ouvrant son architecture. Il parle de « commoditization », faisant référence aux « commodities », les biens ordinaires tels que le blé ou le pétrole, dont le prix peut bien entendu fluctuer, mais pour lesquels il n’y a plus de valeur ajoutée spécifique et qui sont interchangeables.
C’est cette banalisation du matériel qui a donné naissance à une immense industrie du logiciel, largement dominée par Microsoft. L’Open source apporte une rupture comparable, la banalisation du logiciel, voire sa démonétisation. Système d’exploitation, serveurs, bases de données, ces composants logiciels ont perdu l’essentiel de la valeur marchande qu’ils portaient. Cela a donné naissance à une nouvelle industrie, d’Amazon à eBay ou Facebook en passant par Google. Ces géants du Web utilisent des centaines de milliers de serveurs et ont impérativement besoin de logiciels démonétisés.
Open source : définitionLes logiciels libres existent officiellement depuis 1985, année de la création de la FSF (Free Software Foundation) par Richard M. Stallman. Pour une bonne définition de l’Open source, autant remonter à la… source, c’est-à-dire à Richard Stallman : « Quand on dit qu’un logiciel est libre, on entend par là qu’il respecte les libertés essentielles de l’utilisateur : la liberté de l’utiliser, de l’étudier et de le modifier, et de redistribuer des copies avec ou sans modification. C’est une question de liberté, pas de prix, pensez donc à liberté d’expression et non à « entrée libre » [think of « free speech », not « free beer »]. » Vous trouverez une définition plus exhaustive sur le site de l’Open Source Initiative, à l’adresse : http://opensource.org.